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“Enjoy the ride” | Optimisme selon Margaux Nadeau

Margaux est restauratrice de meubles à Montréal depuis 2013 sous le nom d’entreprise “Aux meubles de Margaux”. Lorsque nos chemins se sont croisés il y a à peine à un an, j’ai tout de suite été séduite par son optimisme et sa joie de vivre. À l’origine diplômée en philosophie et en développement durable, les opportunités et rencontres l’ont peu à peu orientée vers la restauration de meubles. Aujourd’hui, sa passion est devenue son travail à temps plein. Dans cette interview, Margaux nous partage son parcours et quelques secrets pour réussir sa vie entrepreneuriale.

Comment as-tu trouvé ta vocation dans la restauration de meubles?

Un jour en 2008, au détour d’une rue montréalaise, je suis tombée nez à nez avec un vaisselier à 9 tiroirs. Une inspiration soudaine m’a poussée à le ramener chez nous. Mon conjoint et moi venions d’emménager dans un grand appartement qui avait besoin d‘être meublé. J’ai commencé à le peindre sans trop savoir ce que je faisais, en ne respectant aucune méthode, mais j’ai adoré l’expérience. Ma curiosité était éveillée, je souhaitais en savoir plus.

J’ai commencé à me former en autodidacte en regardant des vidéos Youtube et lisant des articles ; puis je suis repartie à nouveau en vadrouille dans les rues montréalaises, à la recherche d’autres trésors à restaurer. De fil en aiguille, j’ai meublé tout l’appartement. Après quelques mois, j’avais développé un certain savoir-faire et mes amis et ma famille se sont mis à me faire des commandes. A cette période, j’étais également en recherche intensive d’un emploi, sans aucune réponse positive en retour.

aux meubles de margaux

Crédit photo: Margaux Nadeau

Finalement en 2013, mon conjoint et moi avons déménagé dans un duplex, avec un atelier au sous-sol. J’ai saisi l’opportunité et ai lancé “Aux meubles de Margaux”. Tout se passe très vite par la suite. Sur les conseils d’une amie, j’ai lancé une page Facebook qui, grâce à la solidarité de mes amis, comptait déjà 300 personnes le deuxième jour. Le bouche à oreille a fait le reste et m’a permis de me faire connaitre en dehors de mon réseau. Parmi les personnes qui me contactèrent, une fille était blogueuse sur le site Les Zurbaines. Elle aima tellement ma façon de travailler qu’elle décida d’écrire un bel article sur le blogue. Cet article me permit de me faire connaitre auprès de la créatrice du blogue Déconome, qui me demanda de réaliser des tutoriels sur la restauration de meubles. À chaque nouveau tutoriel publié, ma communauté grandissait. Grâce à cette collaboration, une rechercheuse du journal La Presse me contacta par la suite pour réaliser une interview. Depuis la publication de ce dernier article, le trafic sur mon site est resté élevé et mon carnet de commande se remplit mois après mois.

Quels conseils donnerais-tu aux futures entrepreneuses ?

1/ Rester optimiste et s’amuser dans son travail

Lorsque je me réveille le matin, je m’étire et je me dis « C’est un jour nouveau, la vie est belle. » C’est important de commencer la journée de façon positive et optimiste. J’aime prendre du temps pour me recentrer sur moi-même, notamment le matin et le soir. Je ne pense pas que ce soit spirituel, mais tout au long de la journée, je me dis « Tout est possible, je suis capable de faire ça. » Et effectivement, je me surprends souvent moi-même. Je crois que lorsque tu demandes quelque chose, cela fonctionne. Il faut juste savoir où tu veux aller, être patient et après ça, être généreux avec les autres.

J’ai grandi avec l’idée que « tu travailles fort et après le plaisir ». Finalement, l’expérience m’a prouvée qu’une combinaison était possible. Il est important de s’amuser dans ce que l’on fait, car cela se ressent dans le résultat final. Pour moi, la restauration de meubles n’est pas seulement un travail, c’est aussi une passion.  Lorsque l’on met tellement d’application, d’amour et de concentration dans un projet, c’est comme si on lui donnait une âme. D’ailleurs, j’ai pris l’habitude de donner un prénom et une personnalité à chacun des meubles restaurés.

2/ Oser et se faire confiance

aux meubles de margaux 2

Crédit photo: Margaux Nadeau

Lorsque j’ai une idée en tête, je me lance et je fais des tests. Par exemple, je veux faire un meuble en noir et blanc, et au final, il devient turquoise. Je n’essaye pas de faire des plans, je me fais confiance.

Bien sûr, cela ne fonctionne pas toujours. Au début, j’enrageais, je perdais patience et je me disais que tout était perdu. Il m’est arrivé de vouloir jeter mes débuts de création. Finalement, j’ai appris avec l’expérience que lorsque cela bloque, il faut arrêter, prendre du recul, en allant se promener par exemple. C’est souvent dans ces moments là qu’une nouvelle idée arrive, me forçant à emprunter un chemin auquel je n’avais pas du tout penser auparavant.

Il ne faut pas avoir peur des émotions négatives parce que selon moi, pour arriver à quelque chose de beau, il faut parfois toucher le fond, pour mieux rebondir. Les bonnes idées sont toujours des solutions à un problème. Et en rétrospectives, ces projets ont toujours été mes plus réussis ! Être prêt à l’imprévisibilité est essentielle dans les créations.

3/ Communiquer sur les réseaux sociaux de manière authentique

Je crois beaucoup dans les médias sociaux. Ma clé, c’est ma page Facebook en ce moment. Le secret est de toujours rester authentique et vraie. J’écris sur ma page comme si je parlais à des amis. Je ne regarde jamais ce que les autres font et je n’ai pas peur d’être un peu bizarre. Par exemple, j’aime partager les drôles d’idées qui me passent par la tête lorsque je me réveille le matin. Ça surprend les gens et c’est 100% moi !

Je ne cherche pas non plus à publier du contenu qui va plaire à des centaines de personnes. J’ai appris que le nombre de « j’aime » ne veut rien plus dire sur Facebook. Pour moi, il vaut mieux avoir une seule personne qui a un grand coup de foudre car le meuble est parfait pour chez elle, qu’une centaine de personnes qui l’aiment bien mais sans plus. Cela implique par conséquent d’être patient : ce n’est pas parce que tu as fait quelque chose qui ne se vend pas dans la semaine qu’il n’est pas beau, ou que ce n’est pas bien ce que tu as fait. Il suffit juste d’une personne ! « À chacun sa chacune » comme le dit si bien le film néo-zélandais.

4/ Être entourée

Même si je suis une personne solitaire, j’aime être entourée par des gens. On passe tous par des doutes ou des questionnements et il est toujours agréable de recevoir l’avis immédiat de quelqu’un. Parfois, c’est difficile de prendre toutes les décisions seule. Mon conjoint, ma famille et mes amis sont très présents. Depuis le début de mon entreprise, ma mère travaille régulièrement avec moi. Quand elle est là, tout va mieux, c’est fou. Déjà, tout va deux fois plus vite, et ensuite c’est plus amusant d’être à deux.

D’ailleurs, si un jour j’ai besoin de plus d’aide, je me suis toujours dit que j’aimerais collaborer avec des personnes à la retraite, comme je le fais depuis le début avec ma mère. Je recherche des personnes qui en savent plus que moi dans certains domaines, et qui seraient motivées à se joindre à l’aventure des objets rénovés. Peu importe leur diplôme, je ne veux pas forcément des ébénistes, mais plutôt des personnes de tous les milieux qui me partageraient leur histoire de vie et leur savoir-faire. Par exemple des comptables, des policiers scientifiques… Cela ajoute toujours des angles intéressants.

L’idée me vient du développement durable avec notamment le côté social des projets inter générationnels. J’aimerais beaucoup créer des binômes. « À deux, c’est mieux ! »

As-tu des projets pour l’avenir ?

Maintenant que j’ai travaillé dur toute seule, j’aimerais beaucoup avoir un espace à partager avec d’autres personnes. Dans ma tête, j’imagine réunir des artistes de tous les milieux, tels que des gens qui font de la musique, qui chantent, qui font des gâteaux. Il s’agit vraiment de rassembler des gens complémentaires. Ainsi, au lieu d’avoir un meuble tout seul contre un meuble, nous aurions un meuble avec une photo, une ambiance, des accessoires. Cet espace offrirait plein de petits coins habités.

Une dernière pensée à partager ?

Quand j’étais petite, ma mère me disait toujours « Amusez-vous avec des choses qui ne coûtent rien. » Cette phrase m’a beaucoup marquée. Aujourd’hui, quand j’entends quelqu’un me dire « Je m’ennuie », j’ai la réflexion que cette personne est responsable de son état, à travers sa façon de voir le monde. Car au final, tout le monde peut s’amuser, même sans rien. Le bonheur ne s’achète pas, il faut juste vivre chaque moment intensément !

« Enjoy the ride ! »

Sonia Frangeul
Écrivain biographe, chargée des communications et co-fondatrice de
Passeurs d'Histoires
Artiste peintre et professeur de piano : So-Sonia.com
Revue Vue d'ensemble

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